Bromont Ultra : Coït interrompu.

Dimanche matin 12 octobre 2014, il est 6h du matin. Je me réveil, pas trop stressé, un peu anxieux c’est tout. Très fier du travail accompli et prêt à affronter la bête, mon tout premier ultramarathon. En arrivant sur le site, il y a déjà beaucoup d’ambiance, le premier coureur du 160 km, Joan Roch, vient d’arriver.

7h45, briefing d’avant course, on sent vraiment la fierté des organisateurs d’avoir réussi leur défi. Gilles Poulin nous avise alors que le gagnant Joan Roch, qui avait préalablement complété le Vermont 100 en un peu plus de 16 heures, vient de compléter le Bromont Ultra en plus de 22 heures. À ce moment, on réalise que le parcours sera très difficile et qu’il faut oublier les objectifs qu’on c’était fixé. La seule chose qui est sûre est qu’on va souffrir pour y arriver.

Deux minutes avant le départ je suis avec des amis Ian et Ianyk Blanchet ainsi qu’Alain Boulianne, très fier de prendre le départ avec eux, mais je sais très bien que d’ici quelques minutes ils seront bien loin devant moi. De plus, Mélanie, mon épouse, est là pour m’encourager ainsi que d’autres amis, Isabelle Gosselin et Benoît Lajeunesse.

départ 55

8h. Le départ est lancé, 72 participants qui se dirigent vers la montagne. On a tous hâte de découvrir ce nouveau parcours dessiné par Alister Gardner. Les premiers km se font très bien malgré le dénivelé abrupt et une première belle montée. C’est environ au 5km que je rencontre Martin Massé, à ce moment ce n’est qu’une simple salutation et un encouragement, mais il jouera un rôle important pour moi plus tard dans l’aventure.

Premier check point, je profite d’un instant de répit pour enlever ma veste et mes gants et manger un peu. Je regarde ma montre, et je suis en plein dans le temps que je m’étais fixé, le parcours n’est peut-être pas si difficile que l’on pense. La deuxième section, ça monte et ça monte encore, pas le temps de reprendre mon souffle, mes pulsations sont dans le tapis, en moyenne 170. J’arrive à la deuxième station (Le Mac), je prends un peu de provisions, mange un bon morceau de carré aux dattes et on repart pour la prochaine section. Section qui se nomme, La lobotomie, ça promet. Dans le passé, cette pratique était principalement utilisée pour traiter la schizophrénie et à tourner en rond, monter et descendre, on comprend rapidement d’où vient le nom de cette section. Je me suis demandé à quelques reprises, qu’est-ce que je pouvais bien faire là en cette belle journée d’automne.

Check point 3, je sors finalement de la section technique pour continuer sur une route de terre, on va enfin pouvoir récupérer un peu de temps, j’ai déjà une heure de retard sur mon objectif et je sais que Mélanie m’attend déjà au check point 4 (L’impérial). Récupérer!, erreur, ça monte encore, c’est à se demander, s’il n’y a pas de descente à Bromont.

on en arrache

4h15 après le départ, j’arrive finalement au check point 4, 75 minutes de retard sur mon objectif. Maintenant 24 km de complétés. Mélanie m’avouera plus tard qu’elle et les enfants commençaient à être un peu inquiets. J’en profite pour me changer, manger et me reposer un peu. Peu après moi, Martin Massé fait son entrée un peu découragée de la dernière section. À partir de ce point, nous avons décidé de courir ensemble. On réalise que de courir à deux sera plus propice pour garder notre motivation plus longtemps.

Au cinquième check point, 34 km de complétés, Martin avait certaines réflexions, à savoir s’il continuait ou s’il se contentait de 6 heures de courses. À ma grande joie, il décide de continuer, on se fait un «High Five» et on continue. Petite section jusqu’au prochain check point (Edgar), mais encore une fois une montée difficile.

Arrivé au Edgar, après 6h40 de course, on nous apprend qu’on a manqué le cut-off time de 3 minutes. On est tous les deux très surpris, car le matin au briefing de départ, on nous avait bien dit aucun cut-off, revenez tous ici pour 17h. Donc, on croyait pouvoir courir encore pendant un peu plus de 2 heures. On était tous les deux déçus, mais en même temps, on venait de faire 38 km dans un des parcours les plus difficiles du circuit trail et on avait encore de l’énergie. Wow!!!. Cette distance dépasse largement, ma plus longue distance au préalable qui était de 21km et je n’avais aucune blessure et surtout aucune ampoule aux pieds.

martin massé

Merci beaucoup Martin, les 14 km courus ensemble on passé beaucoup plus vite. Merci à tous ceux qui étaient à l’arrivée pour venir m’encourager, Isabelle, Benoît, Guylaine, Véronique et Jonathan, ce fut bien apprécié. Un merci tout spécial à Mélanie et les enfants qui m’ont suivi à tous les check point pour m’encourager et voir à ce que je ne manque de rien. J’avais hâte de voir à tous les check points.

Gilles, Audrey et Alister, vous vous sentez sûrement mal d’avoir dû couper des coureurs, même si pour notre sécurité c’était sûrement la meilleure chose à faire, l’an prochain je ne vous donnerai pas la chance de me couper, soyez assuré que je reviendrai plus vite et plus fort. Merci pour cette belle expérience.

À l’an prochain.

Erik

3 réflexions sur “Bromont Ultra : Coït interrompu.

  1. Salut Érik. Quel beau récit ! Et bien, il faut capitaliser sur cette expérience pour revenir l’année prochaine et ainsi terminer ce marathon.. et pourquoi pas ce 55km ! Il faut être lucide et prendre du plaisir à chaque pas réalisé. Tu as fait plus de 6h de course. Un méchant défi ! Bravo pour la persévérance ! Je me doute bien que les difficultés sont bien plus difficiles que ce que tu as décrit ! Juste à voir les commentaires sur la page facebook d’Ultra Québec, un grand bravo d’avoir été parmi les premiers coureurs à l’utra de Bromont ! Bravo, content d’avoir couru avec toi avant ce défi !

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